1997 - Vanités
sculptures grès-plâtre
Vanités sculptées : une présence silencieuse, un regard éternel Un crâne posé au milieu de nulle part. Solitude absolue d’un objet qui nous hante, image d’une fin inéluctable, assertion brute de notre propre finitude. Comme nous autres sommes jetés dans le monde sans en avoir choisi l’heure ni le lieu, le crâne, lui, demeure, témoin immobile du passage du temps, silencieux messager de notre condition éphémère. À travers cette série de sculptures, une réminiscence fortuite de la lignée picturale des vanités se dessine. Cette tradition artistique qui, à travers les siècles, a rappelé aux Hommes la précarité de leurs possessions et de leur existence. Mais ici, nul amoncellement d’objets précieux, nul sablier figé dans le temps, nul fruit entamé par la putréfaction. Seul le crâne. Son isolement n’est pas un manque, mais une affirmation. Il impose sa présence par le vide qui l’entoure. Son dépouillement total devient l’écho du néant qui cerne l’existence humaine. En simplifiant à l’extrême la représentation de la vanité, cette série de sculptures interroge. Si les œuvres classiques mettaient en scène la disparition progressive des biens terrestres – gloire, richesse, beauté –, celles-ci évacuent le superflu pour s’attacher à l’essentiel : la mort non comme un anéantissement soudain, mais comme une continuité, une trace persistante. Chaque sculpture incarne une variation subtile du thème. Des crânes aux formes singulières, marqués par les vicissitudes du temps et de l’orgueil humain. Le Crâne à bosses, vestige d’un affrontement avec l’existence. Conquistador, sculpté avec une prestance altière, figé dans une arrogance éternelle. L’Endormie, dont la douceur feinte dissimule une suffisance assumée. À travers ces œuvres, ce ne sont pas seulement des ossements que l’on contemple, mais l’empreinte des destinées, des chemins parcourus, des ambitions et des désillusions. Et pourtant, au-delà de cette gravité, l’humour affleure. Car la tête de mort, aussi sombre soit-elle, porte en elle une ironie indépassable. Elle nous regarde avec la patience de ceux qui savent qu’ils auront toujours le dernier mot. Elle trône, imperturbable, sur le fil du temps, non comme une menace, mais comme un clin d’œil : elle appartient à l’avenir autant qu’au passé, elle est le fief de l’inévitable, mais aussi un terrain de jeu où l’on peut encore choisir de rire. Ainsi, ces vanités sculptées ne sont pas seulement des rappels de notre condition éphémère, elles sont aussi des invitations à la contemplation, à la dérision et, peut-être, à l’acceptation sereine de notre propre fugacité.
























