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1996 - Gargouilles 
plâtres/fer/pvc

Gargouille – Le Grand Renfermement Explorer la figure de la gargouille sous une forme multipliée, hybride et insidieuse. Façonnée à partir d'un crâne humain, chaque gargouille devient une empreinte inversée de la boîte crânienne, un vide qui parle, une absence qui grimace. En se répétant et en s'étirant, elles forment une chenille, un corps en procession, une marche grotesque suspendue entre l'inerte et l'organique. Placée dans une cage, cette gargouille démultipliée se heurte aux parois d'un espace contraint, convoquant l'histoire de l'enfermement, de l'assignation et de la discipline. Cette cage n'est pas qu'un contenant, elle est une réminiscence du Grand Renfermement évoqué par Michel Foucault : celui des fous, des pauvres et des corps jugés hors normes, enfermés au nom de la raison et de l'ordre social dès le XVIIe siècle. Dans cet espace carcéral, la gargouille-chenille devient une figure de l'ambiguïté : à la fois protectrice et inquiétante, elle renvoie au grotesque médiéval, aux chimères de l'architecture gothique, mais aussi aux mécanismes d'exclusion et de marginalisation qui structurent nos sociétés. Son corps modulaire évoque autant une chaîne qu'une créature en métamorphose, soulignant la tension entre l'enfermement et l'évasion possible, entre la contrainte et la prolifération incontrôlée. En inscrivant cette sculpture dans une cage, le projet met en scène l'enfermement non comme une fin, mais comme un théâtre d'apparition, où le regard du visiteur devient lui-même un élément de contrôle et de fascination. Qui enferme qui ? Qui observe et qui est observé ? La gargouille, traditionnellement perchée aux marges des édifices, devient ici un corps captif, mais toujours prêt à déborder, à défigurer, à ricaner dans l'ombre des murs.

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